
Lire ci-dessous l'excellente chronique de Gaspard Koenig, publiée dans Les Echos le 21 janvier 2025.
La baisse de la natalité observée en France est un phénomène universel. Il ne s'agit pas de prôner la décroissance, mais de constater que la chute de la population qui se profile pourrait bien constituer un de ces phénomènes d'autorégulation dont l'évolution naturelle a le secret, estime le philosophe Gaspard Koenig. Plutôt que de s'acharner à combler par tous les moyens le déficit démographique, il serait judicieux d'adapter dès à présent notre contrat social à un monde moins peuplé, juge Gaspard Koenig.
« Enfin une bonne nouvelle ! L'Insee nous annonce que le taux de fécondité est tombé à 1,62 enfant par femme, poursuivant une chute continue depuis plus de dix ans. La France se rapproche ainsi de la moyenne européenne. Cette baisse de la natalité est un phénomène qui semble devenir universel. Selon le statisticien suédois Hans Rosling, l'humanité aurait atteint en 2017 le « pic d'enfants », au-delà duquel le nombre d'enfants de moins de 5 ans commence à décroître. Les conséquences démographiques sont sans surprise. HSBC, dans une étude de 2022, estime que la population mondiale pourrait diminuer de moitié d'ici à 2100.
Anthropisation
Quiconque nourrit encore l'espoir, contrairement à Elon Musk et ses fantasmes régressifs de colonisation martienne, de faire prospérer la vie sur Terre ne peut que s'en réjouir. Peut-on rêver de mettre un terme à l'artificialisation des sols, de réensauvager les friches industrielles, de réduire les surfaces agricoles nécessaires à nous nourrir, ou de débâtir les cages à lapin pour renouer avec une architecture vernaculaire ? Dans sa leçon inaugurale au Collège de France, le paléoanthropologue Jean-Jacques Hublin montre comment Homo sapiens est devenu une espèce invasive en s'essaimant au-delà de sa niche éco-géographique africaine et en réduisant la biodiversité autour de lui, y compris celle d'autres humains comme les Néandertaliens. C'est encore plus vrai au cours de ces dernières décennies, où l'anthropisation a causé l'effondrement des populations d'espèces sauvages, au point que les biologistes estiment que nous sommes en train de provoquer la sixième extinction de masse de l'histoire de la planète. Il est temps que l'espèce invasive, ayant épuisé son milieu, tempère ses ardeurs.»
Les chroniques de Gaspard Koenig sur Les Echos sont à retrouver ici.
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