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Dernière mise à jour : 23 oct.


Avec l’aggravation continue du réchauffement de notre planète, la succession des épisodes climatiques catastrophiques s’accélère et s’intensifie. Ils s’étendent, deviennent plus fréquents et plus intenses. Un rapport de l’ONU datant de 2022 stipule que les inondations ont augmenté de 134% dans le monde depuis 2000 (actualisé, ce ratio est sans doute plus élevé aujourd’hui). Avec 18 millions de Français concernés et 16 000 communes (une sur deux) potentiellement inondables, les inondations sont en France, le principal enjeu des dérèglements météorologiques. Sans même parler des submersions marines en zone côtière, les inondations représentent 56% des indemnisations versées au titre des catastrophes naturelles, devant les sécheresses (37%) et les incendies de forêt. Ce n’est pas sans raison si les Français perçoivent les inondations comme le risque naturel le plus préoccupant.


S’attaquer radicalement aux causes (d’origine humaine) de ces dérèglements serait la ligne d’actions à suivre la plus courageuse et la plus efficace. Hélas nous savons combien il est illusoire d’en attendre un résultat probant sans un consensus général des grandes puissances émettrices de gaz à effet de serre. Il faut croire que le diagnostic mondial n’est, à leurs yeux, pas encore assez effrayant pour que les COP sortent de leur spirale d’échecs. Impuissants à agir aux racines du mal, il ne reste plus qu’à nous adapter à notre échelle, nous replier dans notre cocon (que l’on pourrait tenter d’étendre au moins à l’Europe), afin de réduire les dégâts. Il existe déjà une batterie d’outils de maîtrise de l’urbanisme pour prendre en compte les risques (PPRi ou PPRNi). Mais comme on s’en doute, ils évitent les sujets sensibles ou politiques, tels l’urgence de changer nos comportements dans bien des domaines. Il faudrait arrêter de qualifier d’écologie punitive toute initiative allant vers plus de sobriété et de transformations radicales de nos modes de consommer et de produire. L’agriculture, la sylviculture, l’aménagement du territoire, l’énergie, les transports, sont les secteurs les plus concernés par ces changements.


La passivité des politiques et des décideurs devant les phénomènes d’inondations qui se multiplient est stupéfiante. Pourtant, ils le savent : la capacité des bassins-versants à retenir et infiltrer les eaux en surplus est en diminution constante. N’est-ce pas à cause de l’incroyable légèreté avec laquelle nous faisons usage de notre espace ? Chaque année, c’est au moins 25 000 ha d’Espaces Naturels, Agricoles et Forestiers (ENAF) qui disparaissent sous le bitume et le béton, pour étendre nos zones habitées (60% de la consommation totale de terres) et commerciales, ou pour construire de nouvelles infrastructures.


Heureusement, il y a la loi « Climat et résilience » et le dispositif « Zéro Artificialisation Nette » (ZAN). Ce dernier se montre un rempart législatif efficace contre le mitage et la bitumisation inconsidérés des espaces naturels. Le ZAN prévoit de réduire de moitié l’artificialisation des sols d’ici 2030 puis d’atteindre la neutralité d’ici 2050. Mais un tel objectif le rend gênant. La volonté des élus n’est-elle pas d’accroître en permanence la population de leur commune ? Combien de maires et de présidents d’intercommunalités n’ont-ils pas tenté d’édulcorer les effets du ZAN dans les PLUi et les divers Schémas d’aménagement territorial ? Au sommet de l’Etat, Michel Barnier a promis des assouplissements du dispositif. Assouplir, c’est réduire l’efficacité ! Quant aux sénateurs, ils dénoncent dans le ZAN « une entrave au développement des territoires ». C’est « au mieux une impasse, au pire le ferment de nouvelles contestations », estime Jean-Baptiste Blanc, sénateur (Les Républicains, LR) du Vaucluse (Le Monde, 9 octobre 2024). Ainsi, usant de la même partition avec laquelle les pouvoirs publics ont donné satisfaction aux gros bras de l’agriculture productiviste au début de 2024, on s’apprête à faire profil bas devant l’érosion des ENAF, ce qui équivaut à brader la biodiversité, pourtant vitale et essentielle à notre bien-être.


Conserver un tel matelas de vivant et de foncier serait pourtant la première condition pour renforcer la résilience de nos territoires face aux agressions climatiques. La façon d’utiliser les dits espaces en étant la seconde. Nul besoin de sortir d’une grande école d’ingénieur pour comprendre que l’arrêt des extensions urbaines, la bonne santé des sols, un maillage dense de haies pour fragmenter les trop vastes champs agricoles, la polyculture, l’abandon des labours profonds, le passage à l’agrobiologie, la sanctuarisation des zones humides (éponges naturelles), le maintien, voire l’extension des forêts à caractère naturel gérées sans coupes rases, comptent parmi nos meilleures défenses contre les aléas climatiques et l’effondrement de la biodiversité. Renaturer les cours d’eau et leurs rives, sans négliger l’aide ponctuelle des castors, fait également partie de la solution. Les spécialistes de génie écologique ne font pas défaut dans notre pays. De même qu’il faut réduire drastiquement les projets de nouvelles grandes infrastructures (autoroutes, LGV, déviations…) au bénéfice de l’amélioration de l’existant, des mobilités douces (pistes cyclables, dessertes ferroviaires secondaires, fluvial…), et des énergies renouvelables dans les zones déjà artificialisées. Nous avons besoin d’un grand plan national de résilience intégrant et reliant entre-elles ces différentes pistes de mesures. Il est temps de reconstruire les écosystèmes naturels endommagés ou sacrifiés.


Mais nous devons faire plus. Qui ne voit les liens entre inondations et artificialisation des terres, entre artificialisation et croissance de la population ? Si A dépend de B et B de C, A dépend aussi de C. La France est en Europe l’un des rares pays à ne pas sentir le poids de sa démographie. Une sorte de dissonance cognitive collective porte à croire que nous ne sommes pas encore assez nombreux. A commencer par le Président qui considère qu’il faut réarmer démographiquement le pays. Pourtant, si la natalité baisse, la population ne cesse d’augmenter. Légèrement certes, mais la force d’inertie démographique ajoutée à l’immigration, font que la population s’accroît chaque année en moyenne de 0,3%, soit 130 à 140 000 habitants supplémentaires. L’équivalent d’une ville comme Angers, ce qui est loin d’être négligeable.


Malgré cette hausse bien réelle de la population, ne se font entendre dans le débat que les voix de ceux et celles pour qui la baisse de la natalité est une véritable catastrophe sociale et économique : sur les retraites, l'armée, l’industrie… Et ils ont vite fait d’anticiper un désert français, une pénurie d’innovations, le manque de main d’œuvre, l’effondrement du système des retraites, etc., etc. Cette baisse de la natalité (partagée par quasiment tous les pays d’Europe occidentale), le démographe Hervé Le Bras ne l’attribue pas à l’éco anxiété ambiante mais essentiellement aux progrès éducatifs dont ont profité les femmes et à la réduction des disparités entre genres. Si on suppose les taux actuels de natalité, mortalité et bilan migratoire constants, l’INSEE prévoie que la population française continuera à la fois de vieillir et de s’accroître, jusqu’en 2044 ; puis, elle diminuera lentement, comme cela est déjà le cas en Italie et en Allemagne. Le scénario est plausible, mais non certain : nul ne sait ce qui peut advenir d’ici-là. L’instabilité de notre monde n’exclut ni les épidémies, la guerre, une forte hausse de l’immigration (clandestine ou pas, causée par l’explosion démographique ou les famines en Afrique subsaharienne), une catastrophe naturelle ou nucléaire, et j’en passe. A propos du nucléaire, en prévoyance d’un futur accident nucléaire qui pourrait rendre longtemps inhabitable une partie de notre territoire, nous serions fort aises d’avoir gardé suffisamment d’ENAF.


Bien rares sont les voix qui saluent l’opportunité de la baisse de la variable nataliste dans l’équation démographique, non seulement pour l’environnement (notamment la biodiversité), mais aussi pour l’économie et la société en général. Les effets positifs seraient d’ailleurs encore plus visibles si on parvenait, sinon à réduire, du moins à stabiliser notre nombre. Un objectif de sobriété démographique bien plus salubre et facile à atteindre qu’on ne croit. Les effets négatifs seraient quasi-inexistants. On est sortis du XIX° siècle ! La force d’un pays n’est plus corrélée à sa population. L’IA, les robots, les drones… ont fait passer de mode la chair à canon. Le capitalisme dispose à ses pieds d’un capital inemployé de plusieurs millions de chômeurs qu’il lui suffit de former. Quant aux retraites, H. Le Bras estime que leur régime n’est pas menacé par la baisse de la natalité (à court et moyen terme). Dans le long terme, bien entendu, il admet qu’il faudra réformer. Lui aussi voit dans la baisse de la natalité un atout économique : « la proportion d’actifs va augmenter, et les dépenses liées à l’éducation seront moins importantes ». Un point de vue conforté par une étude récente (Declining population and GDP growth, Th. Lianos, A. Pseidiris, N. Tsounis, 2023). 20 ans d’accroissement démographique avant la décroissance prévue par l’INSEE, ce n’est pas dramatique en soi, mais cela incite logiquement à pratiquer d’urgence la sobriété généralisée. Afin que les 3 millions d’humains supplémentaires attendus en France durant ce laps de temps ne surchargent pas la pression totale exercée sur les ressources naturelles (sols, eaux, forêts, milieu marin, minerais) et ne freinent pas la décarbonation.


Dans ces conditions, il est paradoxal de booster la croissance démographique de la France. C’est frontalement aller à l’encontre de la stratégie nécessaire pour faciliter notre adaptation au réchauffement climatique. Nous avons besoin de tout le contraire : une politique écodémographique visant à décroître ou (au pire) stabiliser notre nombre. Il faut en finir une fois pour toutes avec les politiques familiales à visée nataliste. Quant à la politique migratoire, son efficience gagne à ce qu’elle soit conçue et appliquée au sein de l’Europe, mais à condition que les institutions du continent aient pris la mesure de l’enjeu démographique, tant en Europe (surpopulation) qu’en Afrique subsaharienne voisine (surnatalité). Il est temps de nous désengluer de l’archaïsme véhiculé par les intellectuels cramponnés à leurs idéologies anthropocentristes et soi-disant progressistes. La sobriété démographique est la moins coûteuse de toutes les sobriétés et la plus facile à mettre en oeuvre. Elle n’est pas anti-humaniste, au contraire : le vrai humanisme n’est-il pas de faire peu d’enfants bien éduqués pour minimiser l’empreinte écologique familiale et que chacun puisse s’épanouir au sein d’un environnement sauvegardé ? Le vrai progrès comme disait René Passet est « celui qui permet l’insertion durable des activités humaines dans le milieu qui les porte ». Rien d’autre là qu’une règle dérivée de l’évolution. Ecoutons aussi le paléo-anthropologue Pascal Picq : « les espèces comme les civilisations vivent sur leur adaptations du passé, mais leur survie dépend de leur capacité à inventer les adaptations à un monde qu’elles ont contribué à modifier ». Vivre en plus petit nombre en est, dans ces conditions, l’une des plus indispensables.

Bernard Bousquet

SEPANSO 24

Démographie Responsable

Dernière mise à jour : 22 oct.


La Chaîne Parlementaire a récemment mis en ligne une vidéo retraçant le parcours de l'agronome et premier candidat à s'être présenté sous l'étiquette écologiste à l'élection présidentielle en 1974.

Dans ce documentaire, ou dans la vidéo accessible grâce à la photo, on verra sans trop de surprise que René Dumont disait, peu ou prou, ce que notre association Démographie Responsable exprime aujourd'hui. Le problème est qu'entre temps la population mondiale a doublé, passant de 4 à 8 milliards et que les dérèglements environnementaux seront aujourd'hui beaucoup plus difficiles à maîtriser qu'il y a 50 ans.

Dernière mise à jour : il y a 2 jours



Conférence organisée par Le Monde et le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) le 25 novembre 2024 de 18 à 21h (sur inscription) dans l’auditorium du Monde, avenue Pierre Mendes-France 75013 Paris.


Se poser la question en titre, à savoir « Comment nourrir 10 milliards de personne sans tout détruire » aurait été inutile si les autorités internationales avaient ouvert les yeux sur l'explosion démographique mondiale et en particulier celle du Sud. Alors évidemment, aujourd'hui que le mal est fait, que nous sommes passés de 3 milliards en 1960 à plus de 8 aujourd'hui et sans doute 10 milliards après 2050, on commence sérieusement à s'inquiéter... et à juste titre.


Dans la panoplie des solutions qui peuvent être mises en œuvre en amont de celles concernant l'alimentation, rappelons que notre association prône (entre autres) l'intensification du planning familial (y compris des aides individuelles en ce sens pour les femmes qui le programment, ce que d'ailleurs nous pratiquons à notre modeste échelle), l'éducation de tous et en particulier celle des jeunes filles et des systèmes intercommunautaires de retraite.

Ici sont publiés les news les plus récentes sur le sujet de l'impact de la surpopulation sur l'environnement

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