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Discussion de groupe

Argumentaire

L’agro-écologie pourra nourrir 12 ou 20 milliards d’humains

Certaines personnes et même certains agronomes soutiennent ces points de vue. De nombreux arguments viennent toutefois les relativiser.

- Même si des progrès ont été réalisés dans la connaissance comme dans la technique, notamment pour lutter « écologiquement » contre les parasites, pour une part, les éléments fondamentaux de l’agro-écologie étaient largement présents dans l’agriculture du passé.

Il en est ainsi de l’absence d’utilisation d’engrais chimiques, de la pratique de la rotation des cultures et de l’assolement, du maintien des haies autour des champs, de la combinaison sur une même parcelle de production de natures différentes (cultures associées qui se renforcent l’une l’autre), d’une moindre utilisation d’eau, du choix de cultures adaptées au terrain, du labourage limité ou à faible profondeur, de la moindre mécanisation au profit du travail humain ou animal…

Tout cela, nos arrières grands-parents le pratiquaient déjà et, sans prétendre au statu quo, nous ne pourrons sans doute pas multiplier sensiblement leurs rendements (ou en tout cas pas dans les proportions de ce qu’a permis l’avènement de l’agriculture industrielle). Or l'agriculture d'autrefois n’a jamais nourri plus de un à un milliard et demi d’humains. C’est justement avec l’apparition de l’agriculture « industrielle », même avec son cortège d’inconvénients (engrais chimiques, mécanisation à outrance, monoculture…) que la production agricole a explosé permettant à l’humanité de gagner 5 milliards d’habitants depuis 1950.

Certes, cette agriculture industrialisée à outrance n’est probablement pas durable, elle détruit fortement les sols, consomme des quantités très importantes d’énergie et d’intrants divers (notamment les engrais eux-mêmes nécessitant beaucoup d’énergie pour leur production) et fournit enfin des produits de qualités nutritives et gustatives discutables. Il faudra donc en revenir. Mais cela ne doit pas conduire pour autant à surestimer les capacités productives des formes plus respectueuses d’agriculture. C’est pour d’autres raisons que ces dernières doivent être valorisées.

- L’optimisme des agrobiologistes s’appuie en partie sur une erreur méthodologique consistant à comparer un système réel (celui de l’agriculture d’aujourd’hui), c’est-à-dire soumis à tous les aléas du monde concret (compétences inégales, terrains peu adaptés, contraintes économiques diverses, guerres, dictature, événements climatiques exceptionnels…) à un système idéal dont on obtient la productivité en généralisant virtuellement au monde entier des expériences faites localement, sur des cultures particulières dans des conditions généralement optimales (pays chauds et humides par exemple) et avec des personnes motivées et compétentes dans un contexte économique protégé.

- Enfin, encore une fois, il ne s’agit pas que de nourrir les hommes, il faut les faire vivre en harmonie avec le reste de la planète et pour cela partager l’espace. Une culture non intensive, malgré toutes ses qualités, ne le permettra pas beaucoup plus qu’une agriculture industrielle (sauf pour la petite faune via la présence massive de haies)

Il ne s’agit pas là de critiquer l’agro-écologie en tant que telle, elle a beaucoup de vertus écologiques et il faut la favoriser, mais elle devrait être défendue pour ces qualités-là et non au nom d’une productivité dont on l’affuble dans un souci idéologique, loin de toute contrainte économique.

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