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Discussion de groupe

Argumentaire

Le taux de croissance de la population ne cesse de diminuer, les démographes l’assurent et nos effectifs vont très bientôt se stabiliser, ce n’est donc plus une priorité

Depuis les débuts de l’humanité, la démographie se caractérisait généralement par un taux de mortalité et un taux de natalité élevés s’équilibrant peu ou prou. Avec la Révolution Industrielle, un nouveau régime se met en place, un régime dans lequel les pays qui se développent voient leur natalité et leur mortalité faiblir. C’est le fameux mécanisme connu sous le nom de « transition démographique ». Cependant, la mortalité baissant avant la fécondité, si cette phase transitoire dure trop longtemps - et c’est ce qui se passe globalement dans le monde aujourd’hui - alors les sociétés connaissent naturellement une véritable explosion de leurs effectifs durant cette période.


Bien sûr, au fur et à mesure de la progression de cette phase, le taux de croissance démographique annuel doit quand même baisser et c’est bien ce qui s’est effectivement produit depuis une cinquantaine d’années. Nous sommes passés d’une croissance maximum de la population d’environ + 2,1 % par an dans les années 1965 - 1970 à + 1,1 ou + 1,2 % aujourd’hui. C’est sur cette baisse que s’appuient tous ceux qui nient les raisons de s’inquiéter de notre évolution démographique. Hélas, plusieurs éléments doivent tempérer cet optimisme.


- Cette baisse du taux de croissance se mesure par rapport à une référence tout-à-fait exceptionnelle (+ 2,1 %) qui constitua une pointe dans l’histoire de l’humanité. Il y a 100 ans seulement, le taux de croissance n’était que d’environ 0,5 %. Aujourd’hui, en 2016, il reste donc encore deux fois plus élevé. Dans l’ensemble de notre Histoire, la démographie est très majoritairement restée stable. Entre l’an 0 et l’an 1800, c’est-à-dire à l’atteinte du premier milliard, le taux de croissance était inférieur à 1 pour mille (0,8 pour mille environ) et bien entendu dans les siècles et millénaires précédents il était encore notoirement plus faible. Ne prenons donc pas comme référence une situation brève et absolument non représentative, ce serait une erreur à la fois historique et méthodologique.


- 1 % de croissance annuelle constitue encore un taux très important. Cela génère un doublement de la population en 70 ans environ (en 64 ans précisément pour + 1,1 % par an). Si, depuis Jésus-Christ, ce qui est pourtant récent au regard de l’Histoire humaine, la population avait crû continuellement de 1 % chaque année (c’est-à-dire même un peu moins vite qu’elle ne croît aujourd’hui) elle se serait trouvée multipliée par plus de 500 millions, nous conduisant donc à des effectifs d’environ cent millions de milliards : Oui ! Nous serions serrés, 200 personnes par mètre carré, océans compris !


- Il ne suffit pas de mesurer le taux de progression, il faut aussi mesurer la croissance absolue. Les + 1,1 % d’aujourd’hui s’appliquent à une population qui est plus de deux fois plus nombreuse que dans les années 60. Ainsi, entre 1960 et 1970, si la population a connu son taux de croissance maximum, elle ne gagnait « que » 70 millions d’individus par an (passant de 3 à 3,7 milliards en 10 ans de 1960 à 1970). Aujourd’hui, les 1,1 % de croissance s’appliquent à une population de 7,5 milliards et conduisent à une augmentation d’un peu plus de 80 millions par an ! Et bien entendu, cette croissance supérieure en nombre se produit sur une terre deux fois plus artificialisée du fait de la présence humaine plus importante. Les conséquences sur la biosphère en sont d’autant plus graves.


Enfin, s’il est vrai que la stabilisation finira par se produire (c’est une obligation physique dans un monde clos), cette stabilisation est aujourd’hui repoussée, on l’envisage désormais pour après l’an 2100 alors qu’il y a peu encore, dans les années 2000, on l’imaginait effective autour des années 2050. On pense également qu’elle se situera à un niveau plus élevé. Nous sommes passés dans les mêmes délais d’une stabilisation attendue autour de 9,5 à 10 milliards à une stabilisation autour de 11 milliards ou même un peu plus.


Depuis une dizaine d’années, les projections de l’ONU sont régulièrement revues à la hausse. Voici l’évolution récente de ces projections pour 2050.


En 2009 : 9,1 milliards

En 2011 : 9,3 milliards

En 2013 : 9,6 milliards

En 2015 : 9,7 milliards


Pour la fin du siècle, la tendance est la même. Aujourd’hui, l’ONU prévoit 11,2 milliards d’habitants (en 2010, ces projections s’établissaient à 10,1 milliards). En outre, comme nous l’avons dit, la stabilisation n’est plus considérée comme certaine à cette date.



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