Depuis trente ans, on ferme les yeux sur la croissance de la population mondiale !

Le 13 septembre 2024 a marqué le trentième anniversaire de la Conférence internationale des Nations Unies sur la population et le développement (CIPD) du Caire en Egypte, qui a annoncé la stabilisation de la population en tant qu'objectif de développement.

Sustainable Population Australia (SPA) estime qu'il est temps de remettre les pendules à l'heure. « La population mondiale continue d'augmenter d'environ 90 millions de personnes par an », note la porte-parole de SPA, le Dr Jane O'Sullivan. « Elle aggrave la pauvreté, l'insécurité alimentaire et l'environnement naturel ne peut tout simplement pas y faire face. Le changement intervenu au Caire n'est pas dû au fait que les effets néfastes de la croissance démographique ont été réfutés, mais au fait qu'une nouvelle idéologie a prétendu à tort que toute promotion du contrôle des naissances entraînait des violations des droits de l'homme.»

Les gouvernements du monde n'ont pas accepté d'abandonner complètement les objectifs démographiques : le document de traité de la conférence, le programme d'action de la CIPD, a reconnu l'importance de la stabilisation de la population pour le développement et l'environnement. Cependant, le FNUAP [UNFPA pour nous en France], chargé de le mettre en œuvre, s'est montré de plus en plus intransigeant en condamnant toute personne exprimant des inquiétudes au sujet de la croissance démographique, la qualifiant d'« alarmiste » et de menace pour les droits de l'homme.

« Désormais, ils insistent sur le fait que le planning familial ne doit être fourni que dans l'intérêt de la santé et des droits reproductifs des femmes », explique le Dr O'Sullivan. « Les programmes de planning familial ont ainsi été rétrogradés de piliers centraux du programme de développement national à des activités mineures des départements de santé.»

Lire ici le texte original en anglais sur le site de SPA

« La bombe P n’explosera pas » ?

Une chronique parue hier dans Le Monde revient sur l'épineuse question démographie mondiale en affirmant contre toute attente que : « La bombe P n'explosera pas ». Cependant, comme tout atteste le contraire, la majorité des commentaires qui suivent l'article rétorque avec justesse que ladite bombe a déjà explosé.

La surpopulation au Pakistan, un “don divin” qui masque une malédiction sociale

Courrier international a relayé hier un article de l’économiste pakistanaise Lubna Naz publié initialement dans le quotidien “Dawn” et dont voici un résumé :

Dans une Asie du Sud surpeuplée, le Pakistan dont le taux de fécondité (3,6 enfants/femme) est le plus élevé de la région, est un cas un peu décourageant.

Quelles sont les causes de l'échec des programmes de régulation démographique ? 

D'abord une forte disparité sociale, le taux de fécondité des plus pauvres en 2017 était de 4,9 enfants/femme alors que celui des plus riches était de 2,8. Or, les programmes de planification se concentrent sur le seul accès aux contraceptifs alors que 22,8 millions d'enfants de 5 à 16 ans ne sont pas scolarisés et sont obligés de travailler, débouchant sur une génération de travailleurs analphabètes  et sans qualifications.

Il faudrait donc favoriser l'emploi des adultes et permettre un accès universel aux soins  et à l'éducation pour obtenir une véritable chute de la démographie. 

Il est nécessaire d'en finir avec les stéréotypes sexistes diffusés par les autorités religieuses, favoriser la scolarisation des filles  et l'émancipation des femmes...et pour cela revoir les stratégies du planning est urgent  : dans un pays où l'enfant est un don divin, le planning est perçu, même par les plus instruits, comme une violation du droit de procréer.  Par ailleurs, cibler uniquement les femmes limite en réalité leur marge de manœuvre, l'information doit atteindre aussi les hommes et les personnes âgées.

Il serait aussi important de lutter réellement contre les voix radicales qui sévissent tout à leur guise ( restriction de la circulation des femmes, polygamie, mariages précoces...) et puisent leur force dans les traditions, en accroissant la participation politique des femmes, particulièrement au niveau local.

Enfin, on se doit de favoriser l'engagement des femmes dans le monde professionnel par l'adoption de plus longs congés maternité, la création de places en crèche, un accroissement des offres de soins de santé maternels  et infantiles.

Le Pakistan est à la croisée des chemins estime l'auteur : « la croissance démographique incontrôlée, conjuguée à une planification inadéquate, s'avère catastrophique pour notre pays déjà plombé par le manque de ressources naturelles, un endettement en hausse et des perspectives de développement médiocres.»